La finance religieuse se développe aussi dans les pays d'Asie

Publié le par Alexis Carré


Dow Jones et Dharma Investments ont lancé des indices en accord avec les valeurs dharmiques. Religion et finance peuvent faire bon ménage

Après la finance islamique, la finance dharmique. Ce mot vient directement de « dharma », un concept commun à l'hindouisme, au bouddhisme, au jaïnisme et à la religion sikhe. Le dharma est la loi universelle régissant l'ordre des êtres et du cosmos.

Quel rapport avec la finance me direz-vous ? Certains principes éthiques comme la non-violence, la protection de l'environnement et de la communauté peuvent être appliqués en gérant ses avoirs.

Les indices créés par Dow Jones, en collaboration avec Dharma Investments, ont des points communs avec l'investissement socialement responsable. La recherche du profit est compatible sous certaines conditions avec des principes spirituels ou éthiques forts.

Cinq indices au total

Simplement, il faut faire des choix. Certaines entreprises indiennes comme le groupe de services informatiques Infosys ou le numéro un des télécoms Bharti Airtel ont été retenus.

Aux Etats-Unis, une valeur comme Apple respecte également les critères imposés.

En revanche, les experts ont exclu toutes les entreprises des secteurs suivants : défense, alcool, jeux d'argent, tabac, pornographie... Les groupes pharmaceutiques sont aussi exclus en raison des tests pratiqués sur les animaux.

Le travail réalisé par Dow Jones et Dharma Investments est très sérieux. La réflexion d'experts reconnus, universitaires et religieux, a permis la création de cinq indices au total.

Il y a d'abord le Dow Jones Dharma Global Index, véritable indice mondial. Ensuite, des référentiels ont été créés pour les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon et l'Inde. Le mois de janvier 2008 a été décevant pour les indices. En 2007, les performances ont été très variables d'un pays à l'autre. Le Dow Jones Dharma India a fini en hausse de 81,2 %.

Ce formidable bond traduit l'appétit des investisseurs pour la Bourse de Bombay. Comme un symbole, l'indice dédié au colonisateur britannique accusait un repli de plus de 10 %.

Au-delà des performances, l'entreprise Dow Jones réussit une nouvelle fois à faire parler d'elle pour ses indices. C'était déjà cette société emblématique qui avait lancé en 1999 les indices islamiques.

Nous remarquons que les secteurs exclus par la loi islamique sont souvent les mêmes que ceux bannis par le dharma. Sauf deux secteurs  : la filière porcine et les services financiers.

A ce sujet, il est étonnant de voir des fonds souverains d'Etats islamiques prendre des participations dans des banques américaines. Que dire lorqu'il s'agit d'obligations convertibles avec des taux d'intérêt proches de 10 %... En même temps, si la finance et la recherche de rendement conduisent à l'apparition d'un commencement de laïcité dans les Etats islamiques, personne ne s'en plaindra.

A l'époque où ils avaient été créés, les indices conformes à la loi islamique avaient fait le tour du monde. Une nouvelle fois, Dow Jones réalise un joli coup médiatique. Les titres les plus prestigieux de la presse indienne ont déjà repris l'information. Des articles ont également été écrits dans certains médias américains comme Business Week et le Washington Post.

Les liens entre religion et finance sont anciens

Cette médiatisation s'explique par le fait que près d'un quart de la population mondiale est en phase avec une religion dharmique. Il ne s'agit pas simplement d'un phénomène de mode, tant cette population est appelée à prendre de l'importance. Sa croissance démographique est très soutenue.

La religion catholique n'a pas cet atout, que le prosélytisme ne peut compenser. Obtiendra-t-elle aussi son référentiel boursier ? Pour le moment, Dow Jones indique ne pas avoir l'intention de lancer un indice chrétien.

La popularité des indices déjà lancés montre que leur avenir est prometteur. Elle souligne aussi les liens particuliers existant entre la religion et la finance,dont l'histoire est souvent passionante.

Pour prendre un exemple, au cours du xixe siècle, deux banques d'affaires américaines très prestigieuses ont été fondées par des Juifs (Goldman et Lehman).

En Europe, la formidable saga des Rothschild est aussi un exemple de lien entre judaïsme et finance.

Le sociologue Max Weber s'est efforcé d'analyser, au moyen de concepts, les liens entre éthique protestante et esprit du capitalisme. L'affaire n'est pas simple et a suscité de nombreuses critiques. Parmi les nombreux arguments développés, l'auteur insiste sur le travail qui permet d'assurer son salut auprès de Dieu dans la religion protestante. Or l'utilisation rationnelle du travail est un des moteurs du capitalisme.

Les indices Dharma ont connu un mauvais mois de janvier dans un contexte boursier dégradé.

OLIVIER AUBERGER
23 Février 2008
Le Journal des Finances

Publié dans tendance

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U
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