L'investissement éthique séduit peu à peu le grand public

Publié le par Alexis Carré



En croissance en France, l'investissement socialement responsable attire encore davantage les fonds de pension que les particuliers.

Vos investissements sont-ils éthiques ? Selon Novethic, un cabinet d'études en investissement socialement responsable (ISR), filiale de la Caisse des dépôts, ils le sont en tout cas de plus en plus. Le marché de l'ISR représentait à la fin 2007 un encours total de 22,1 milliards d'euros, soit une croissance de 30 % par rapport à l'année précédente, due en grande partie à la collecte.

L'investissement socialement responsable se définit par le respect de critères non financiers dans le choix des entreprises. Certains fonds excluent par exemple les entreprises réalisant une part de leur activité dans l'armement, ou accusées de non-respect des droits de l'homme. D'autres fonds - parfois les mêmes - préfèrent une approche de sélection : dans le choix des valeurs, ils prennent en compte des critères tels que le respect de l'environnement, les rapports entrel'entreprise et ses employés et le pouvoir de décision réel des actionnaires. Les sociétés de gestion peuvent aussi privilégier les entreprises ayant une activité liée au développement durable, mais cette pratique est encore très marginale.

UN BON VEHICULE DE COLLECTE

Bien qu'existant depuis quelques années déjà, l'ISR a du mal à se faire une place sur le marché de la gestion collective. Ceux qui y sont le plus sensibles sont les institutionnels : fonds de pension et compagnies d'assurances y investissent de façon fortement croissante (encours en hausse de 53 % sur un an).

L'épargne salariale est aussi un bon véhicule de collecte (encours en hausse de 22 % sur un an), tandis que la gestion collective ouverte (Sicav et FCP ouverts à tous) reste à la traîne : l'encours a crû l'année dernière de 16,5 %. Les particuliers choisissent donc peu les fonds éthiques lorsqu'ils réalisent leurs propres choix de portefeuille, mais en détiennent par l'intermédiaire de leur épargne retraite ou de leur épargne d'entreprise.

Pour Anne-Catherine Husson-Traoré, directrice du cabinet Novethic, cela s'explique avant tout par la difficulté que présente pour les grands réseaux la commercialisation de ces fonds. " La plupart ont des fonds éthiques dans leur gamme depuis longtemps mais ne mettent pas l'accent sur leurcommercialisation. D'une part, il ne s'agit pas pour eux d'un axe stratégique ; d'autre part, expliquer ce concept aux clients exigerait un gros effort de formation des conseillers clientèle. " C'est cependant en train de changer, remarque-t-elle : BNP Assurance-vie vient d'engager toute une démarche de promotion de l'investissementéthique auprès de ses clients, et Carrefour, qui a lancé en septembre 2007 une offre ISR exclusivement destinée aux particuliers, a déjà collecté plus de 10 millions d'euros sur ces fonds.

Les caisses de retraite et lescompagnies d'assurances, elles, ont vu rapidement les enjeux pour un portefeuille de long terme. " Quand vous gérez un portefeuille dans une optique de vingt à trente ans, pour protéger la rentabilité future, il n'est pas possible d'être indifférent à la politique des entreprises en matière d'émission de gaz à effets de serre, par exemple, ou à la concentration des pouvoirs entre les mains d'un seul dirigeant, explique Catherine Husson-Traoré. Uneentreprise qui ne se soucierait pas de cela ne serait pas un bon pari à long terme. "



DELPHINE BERENGER
16 Mai 2008
La Tribune

Publié dans marché

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