Alternatif et ISR ?

Publié le par Alexis Carré


Un des premiers hedge funds socialement responsables a été lancé en novembre 2007 par la société de gestion Harcourt. Un mariage improbable qui révèle une notion restrictive de l'éthique.

Est-il possible de concilier hedge funds, régulièrement critiqués par les milieux prônant le DD, et investissement socialement responsable (ISR) ?

Bien sûr. Il existe beaucoup de faux a priori sur les hedge funds. Ce sont des instruments de gestion du risque qui permettent d'obtenir des portefeuilles plus robustes et une gestion moins spéculative que certains fonds traditionnels ! Ils visent à diminuer le risque et donc la volatilité. Au moment d'affronter des marchés difficiles, ils limitent les pertes, ce qui est éthique.

Pourquoi avoir créé ce fond ISR ?

Cet outil permet de sécuriser les fonds de ceux qui investissent dans l'ISR. Jusqu'à présent, chaque investisseur avait sa propre vision de l'ISR, mais au fur et à mesure est apparue une approche plus pragmatique et unifiée qui a permis d'aboutir à ce portefeuille du Belair Sustainable Alternatives SRI Fund. Pour le créer, nous avons travaillé pendant deux ans avec deux clients institutionnels possédant une tradition ISR forte : le Suédois Folksam et le Norvégien Storebrand. Ils suivent ces questions depuis quinze ans et sont membres fondateurs des principes d'investissement responsable de l'ONU (PRI), que nous avons signés.

Quels sont les critères de sélection ?

Nous appliquons une politique excluant les sociétés touchant à des domaines comme l'armement, le tabac, l'alcool, les énergies fossiles ou qui ne respectent pas des exigences comme le non-travail des enfants ou la lutte contre la corruption. Ensuite est établie une sélection positive pour promouvoir des sociétés qui s'engagent de manière particulière vis-à-vis du DD. Ce deuxième aspect peut permettre le « repêchage » de compagnies comme Shell, groupe pétrolier qui se comporte de façon exemplaire.

A-t-il été difficile de trouver des gérants correspondant à ces critères ?

Oui. Nous n'avons retenu aucun de la vingtaine de sociétés de gestion de fonds labellisés ISR car elles ne présentaient pas pour nous de qualités suffisantes (infrastructure, stratégie...). Nous avons étudié 350 fonds et sélectionnés seulement 15, auxquels devraient s'ajouter cinq nouveaux d'ici la fin de l'année. C'est un projet important pour Harcourt, nous le montons sur le long terme. Le fond, doté au départ d'un capital de 200 millions de dollars, devrait passer à 350 millions de d'ici fin juin.

Quels contrôles sont effectués ?

80 % des fonds sont surveillés quotidiennement. Les 20 % restants, considérés faiblement à risque (monnaie, taux d'intérêts...), ne sont contrôlés que tous les trois mois. Chez Storebrand, 20 personnes y sont affectées. Chez Folksam, c'est une société extérieure qui note les sociétés.

Qui ce nouvel outil intéresse-t-il ?

Vu la difficulté des marchés, beaucoup de fonds ISR ont souffert. Les investisseurs institutionnels ont un devoir éthique et fiduciaire vis-à-vis de leurs assurés. Ils doivent trouver des portefeuilles ISR présentant moins de risques. Ils viennent alors nous voir. Pour l'instant nous n'avons pas de concurrents et peu d'autres pourront le faire. C'est très compliqué à mettre en oeuvre. J'aimerais que l'ISR puisse se généraliser à tous les hedge funds mais sur le court terme, ce n'est pas réaliste.

Pourtant, beaucoup de fonds spéculatifs ont disparu avec la dernière crise et, selon Novethic, les fonds ISR ont mieux résisté que les fonds traditionnels...

On dénombre 10 000 hedge funds. À ma connaissance, durant la « crise », peut-être une dizaine ont eu des problèmes... Je confirme que les fonds alternatifs ont moins souffert... La performance de notre hedge fund ISR a été positive depuis décembre, hormis en mars (- 0,7 %).

E. L.
4 Juin 2008
Environnement & Stratégie

Publié dans tendance

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