Le développement durable est devenu incontournable

Publié le par Alexis Carré


À l'heure du Grenelle de l'environnement, de la Fondation Chirac, des voitures électriques au G8 en juillet au Japon... la préservation de l'environnement n'est plus une question : c'est une nécessité qui touche à peu près la totalité des activités humaines.

Jean-Louis Borloo vient de présenter une loi d'orientation qui reprend les conclusions du Grenelle de l'environnement de l'automne : un grand nombre de secteurs - bâtiment, transports, énergie et fiscalité - sont concernés. Et pour ceux qui n'en seraient pas encore convaincus, la rareté des ressources naturelles et ses effets dramatiques se rappellent à leur bon souvenir. Que ce soit l'envolée de l'or noir (+ 450 % en cinq ans) ou bien celle des matières premières agricoles (+ 170 % en cinq ans), l'une a débouché sur une colère des consommateurs et des manifestations de pêcheurs et de routiers en Europe, l'autre a déclenché des émeutes de la faim dans les pays du Sud. Une flambée des cours qui aussi au passage a réveillé les vieux démons de l'inflation !

Cette prise de conscience de la rareté des ressources n'a bien entendu pas échappé au monde de la finance, qui depuis déjà quelques années développe des fonds à vocation environnementale en prenant en compte des critères de sélection extrafinanciers. Illustrant ce que l'on a dans un raccourci trop rapide qualifié de " révolution verte ". Car, bien au-delà d'un effet de mode ou d'un habillage marketing, les sociétés de gestion labourent ces pistes du développement durable à travers aujourd'hui bon nombre de fonds misant sur l'eau, l'énergie, la population, les énergies propres ou renouvelables, les déchets et bien sûr l'environnement : une catégorie qui pèse un peu plus de 22 milliards d'euros en France.

UN MAQUIS DE FONDS AUX LIBELLESPEU PARLANTS

Des pionniers comme la Financière de Champlain misait sur la thématique environnementale dès 2004, pour se tourner par la suite vers les thèmes du vieillissement de la population, puis de l'éthique et aujourd'hui du solidaire. D'autres sociétés en pointe sur ces thèmes ont développé des approches novatrices. " Les enjeux autrefois anecdotiques deviennent aujourd'hui dominants. Mais la question des critères d'éligibilité demeure ", explique Stéphane Voisin, directeur du département investissement durable et responsable chez Cheuvreux. " Pour sélectionner les titres à mettre en portefeuille, cette filiale du Crédit Agricole a retenu trois critères : clean way, qui renvoie aux technologies propres, est le principal centre d'intérêt actuel ; lean way, dont l'objet est de réduire les consommations énergétiques et de ressources naturelles ; enfin, green way, un troisième axe met l'accent sur les ressources renouvelables", résume-t-il.

Mais pour l'investisseur individuel, il reste difficile de s'y retrouver dans un maquis de fonds aux libellés quelque fois peu parlants qui vont de l'ISR - pour investissement socialement responsable - aux produits de partage en passant par le développement durable. " Il existe encore pas mal de confusion entre le financement solidaire et l'investissement socialement responsable : une approche de gestion d'actifs dans laquelle on intègre des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance ", résume Jean-Pierre Sicar, président de Novethic.

" En France, dans ISR on insiste sur le S, alors qu'en Grande-Bretagne on insiste sur le R et sur le réchauffement climatique ", souligne Jean Pitois, directeur de la clientèle institutionnelle chez Axa IM. Des deux cotés de la Manche, le développement durable concerne pourtant aussi bien la préservation de l'environnement et la réduction des émissions de gaz à effet de serre que la gestion des déchets, les modes de consommation et de production, ou le recyclage !

Certains réseaux prennent d'heureuses initiatives : les Caisses d'Épargne viennent de lancer la semaine dernière une " étiquette développement durable " pour tous leurs produits. Cette étiquette va permettre aux clients de se faire une idée en fonction de trois critères : le risque financier (critère sécurité), les implications sociales et environnementales (critère responsabilité) et l'impact sur le climat des activités financées par le produit (critère climat). Une initiative intéressante car le manque de pédagogie des grands établissements promoteurs explique en partie la pénétration encore limitée de ces produits chez les particuliers.






FRANCK PAULY
27 Juin 2008
La Tribune

Publié dans tendance

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